Les médias en parlent

Le magazine ELLE : Réseaux sociaux, parlons-en avec nos ados !

2 août 2015

Retrouvez l’article sur le site web du magazine ELLE :
http://www.elle.fr/Societe/News/Reseaux-sociaux-parlons-en-avec-nos-ados-2971952

Article du magazine ELLE sur les ados et les réseaux sociaux - juillet 2015

Article du magazine ELLE sur les ados et les réseaux sociaux – juillet 2015

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http://www.elle.fr/Societe/News/Reseaux-sociaux-parlons-en-avec-nos-ados-2971952

Par Anne Lindivat – article paru dans le magazine ELLE du 24 juillet 2015

Ils ne lâchent pas leurs Smartphone une seconde, est-ce grave ?
Les conseils de Thu Trinh-Bouvier, spécialiste en communication digitale, pour geeker safe.

Facebook

Pourquoi c’est super.  Pour les ados, Facebook est un moyen de rester en contact avec ses amis. Ils l’utilisent pour discuter mais, aussi, pour travailler, partager des cours… C’est également une de leurs principales sources d’infos. Ils adorent commenter ou lire les avis postés par des jeunes de leur âge. Ils participent ainsi à des débats, adhèrent à des groupes fédérés autour de passions communes, et développent leur sens critique.

Ce qu’il faut leur dire. Pour alimenter leur compte, les jeunes se fabriquent souvent une image : ils s’inventent un look, enjolivent leurs vacances… On peut leur expliquer que, si ce double-jeu amuse au début, il peut devenir angoissant, voire déprimant. Et que les amis « Facebook » ou « e-friends », non triés pour gagner en popularité, ne remplacent pas les amis réels, essentiels à l’adolescence. Par ailleurs, tout ce qui peut sembler drôle et anodin, photos de fêtes, messages d’injures… ne s’efface pas en un clic. Ces traces peuvent entacher leur « e-réputation », et les ados risquent de le payer cher au moment de chercher un stage ou un job.

Snapchat

Pourquoi c’est super. C’est un espace de liberté pour les jeunes. Peu importe ce qu’on y raconte, ni comment, pas besoin de soigner son orthographe ni ses photos puisque tout s’autodétruit en quelques secondes ! Parmi leurs posts préférés : l’échange de photos avant, pendant et après une fête, cernes creusés et teint livide.

Ce qu’il faut leur dire. Les photos et messages éphémères peuvent être capturés (les fameux « screenshots »), enregistrés, et republiés. Les ados oublient que leur meilleur ami peut devenir leur pire ennemi, et diffuser photos trash ou secrets inavouables.

Les selfies

Pourquoi c’est super. L’envoi de selfies est un moyen de communiquer, rapide, efficace et drôle : les jeunes expriment leurs émotions ou leur humeur en un sourire ou une grimace. A travers leurs selfies, les ados s’habituent à leur corps qui change, et maîtrisent l’image qu’ils veulent donner d’eux. Si leur portrait ne leur plaît pas, ils le suppriment ou l’améliorent avec des filtres.

Ce qu’il faut leur dire. Basés sur le culte de l’apparence, les selfies développent le narcissisme. On peut expliquer que la publication d’un selfie au réveil ou après leur jogging ne joue pas forcément en leur faveur ! Il est aussi essentiel de dialoguer avec les jeunes filles accros aux selfies, aux likes et aux commentaires qui en découlent. Les rassurer sur leur valeur, leur capital sympathie et leur physique. Car certaines, découragées lorsqu’elles n’atteignent pas leur quota habituel de likes, ou déprimées face aux selfies des top models, s’affament pour maigrir, s’entraînent de façon irraisonnée pour sculpter leur corps, ou songent à la chirurgie esthétique pour améliorer leur apparence.

Les tweets

Pourquoi c’est super. Pour être actif sur Twitter, il faut être malin et dégourdi. Twitter oblige les ados à structurer leur pensée pour la résumer en 140 signes, et à repérer les meilleurs tweets des autres pour les retweeter. Comme Facebook, Twitter est une source d’infos.

Ce qu’il faut leur dire. Sur Twitter, une phrase malheureuse se propage à grande vitesse, à ses abonnés, aux abonnés de ses abonnés… Et les ados ne se font pas de cadeau. Il faut du cran pour encaisser les attaques, et supporter les « subTweets », ces critiques – positives ou négatives – envers une personne dont le pseudo n’est pas mentionné. Avec ce genre de tweet, impossible d’être certain de ne pas être la cible. Il est bon de rappeler qu’envoyer ce type de messages peut être plus cruel qu’on ne le croit.

« Parlez-vous Pic Speech ? », de Thu Trinh-Bouvier, (Editions Kawa).

Article du magazine ELLE sur les ados et les réseaux sociaux - juillet 2015

Article du magazine ELLE sur les ados et les réseaux sociaux – juillet 2015

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GQ Magazine : Gifs, émojis, mèmes… vous avez le code ?

16 juin 2015

Retrouvez l’article sur GQ
http://www.gqmagazine.fr/pop-culture/news/articles/gifs-emojis-memes-vous-avez-le-code-/26206

GQ Magazine Juillet 2015

GQ Magazine Juillet 2015

Pic speech dans GQ

Pic speech dans GQ de juillet 2015


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http://www.gqmagazine.fr/pop-culture/web/articles/gifs-emojis-memes-vous-avez-le-code-/26206
(extrait du dossier de 6 pages sur le sujet)

Par Vincent Cocquebert et Elsa Ferreira © Superbirds – article publié dans GQ magazine du mois de juillet

Dans la communication moderne, les mots sont de plus en plus souvent remplacés par des images et autres pictogrammes. Un nouveau langage théorisé sous le nom de « pic speech ». Émergence d’un espéranto 2.0 ou dernier avatar du snobisme ? GQ tente de percer l’avenir promis à ce drôle de phénomène viral.

L’hommage n’est pas passé inaperçu. À l’occasion de la dernière visite officielle du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, aux États-Unis, fin avril, Barack Obama s’est lancé dans une tirade inattendue: « C’est aujourd’hui l’occasion pour les Américains – et spécialement les jeunes – de dire merci pour toutes ces choses qui viennent du Japon et que nous aimons. Comme le karaté, le karaoké, les mangas, les “animé” et, bien entendu, les émojis ».

Il est vrai que l’Amérique a toujours su digérer efficacement la culture nipponne, et surtout la mettre à profit. Si le karaté a donné Chuck Norris, les smileys et autres émojis (ou émoticônes en français) ont, quant à eux, été intégrés en version animée au système de communication novateur de l’Apple Watch, jusqu’à en constituer un des principaux arguments de vente. Une preuve de l’omniprésence grandissante de ces images iconiques dans nos paysages mentaux.

De notre côté de l’Atlantique, Julien, 35 ans, chef de projet, s’est mis lui aussi à poster des images à ses collègues pour leur rappeler subtilement les dates de rendu de leurs dossiers. « J’ai commencé en leur envoyant des gifs tirés de films comme Shining ou Les Tontons flingueurs. L’idée était de jouer sur l’humour pour responsabiliser mes collaborateurs sans avoir l’impression de devoir jouer au flic, car les mots ne suffisaient tout simplement plus. »

Mais quelle est cette langue étrange qui parle aujourd’hui aux ados comme aux cadres du tertiaire ? Réponse : le Pic speech. « C’est un mélange d’images et de texte qui occupe une partie toujours plus importante de nos échanges numériques », explique la chercheuse Thu Trinh-Bouvier, responsable des nouveaux médias chez Vivendi et auteure de Parlez-vous Pic Speech ? (éd. Kawa). Gifs, émojis, courts messages vidéo éphémères (Snapchat), photos et boucles d’images (Vine, Instagram), mèmes pompés à l’infini (par pitié, arrêtez avec Batman collant une claque à Robin)… Nos élans communicationnels utilisent de plus en plus régulièrement la voie de ces dialogues imagés. L’équipe d’Instagram a ainsi noté une baisse régulière de l’argot Internet de type « LOL » dans les légendes de ses photos et une augmentation concomitante des émojis, qui, en France, pimentent désormais 50 % des posts du réseau social.
De quoi accréditer encore davantage la thèse de son cofondateur Kevin Systrom : « Nous passons d’un web fondé sur le texte à un autre basé sur l’image. C’est très excitant de participer à ce mouvement », analysait-il début mars dans les colonnes des Échos.
(extrait du dossier de 6 pages sur le sujet)

GQ Magazine - Quel Pic Speecher êtes-vous ?

GQ Magazine – Quel Pic Speecher êtes-vous ?

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Retrouvez l’intégralité de l’article dans GQ – juillet 2015

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Émission Tribu sur RTS (Radio Télévision Suisse)

16 juin 2015
RTS – radio télé suisse normande – émission Tribu

RTS – radio télé suisse normande – émission Tribu

http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/tribu/6555401-tribu-du-05-03-2015.html#6555400

>>> Ecouter le replay de l’émission sur le site de RTS

Tribu (émission de radio sur RTS) – le  jeudi 5 mars

Le journaliste Laurent Caspary reçoit Thu Trinh-Bouvier pour parler du Pic Speech

Présentation du sujet de l’émission : « Photos, émoticônes, vidéos, dessins, commentaires courts : Thu Trinh-Bouvier a décodé les nouvelles manières de communiquer des générations Y et Z. Sur Twitter, Facebook, Snapchat ou par sms, nous sommes loin du constat habituel d’un appauvrissement de la langue et de l’isolement des jeunes devants leurs écrans: on dévoile plutôt la richesse et la complexité de leurs échanges, souvent basée sur lʹimage. »

Statistique sur le partage des photos

Statistique sur le partage des photos

« Tribu » est une émission sociétale. Au travers de ses invités, jour après jour, « Tribu » pose une pièce du puzzle de notre société jusqu’à laisser apparaître l’image finale du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui.« Tribu » explore la société suisse, mais, plus largement, la société occidentale contemporaine et questionne cette dernière: quelles sont les raisons qui nous poussent à agir ou à réagir comme nous le faisons actuellement dans notre quotidien ?



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http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/tribu/6555401-tribu-du-05-03-2015.html#6555400

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Influencia : Les jeunes bientôt au Panthéon ?

16 juin 2015
Influencia

Influencia

La Revue Influencia propose à Thu Trinh-Bouvier de contribuer au numéro d’avril-juin 2015 consacré à «l’Influence »

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http://www.influencia.net/fr/actualites/com-media,media,jeunes-bientot-pantheon,5395.html

Influencia : Présentation des contributeurs

La revue INFLUENCIA : Présentation des contributeurs


On savait que l’influence n’avait ni domaine de prédilection, ni limite d’intronisation, maintenant on sait qu’elle n’a pas d’âge. Les jeunes générations, via le numérique, ne suivent plus « un » rythme donné, mais imposent le « leur ».

Pourquoi Time Magazine publie-t-il depuis de très récentes années le classement des « adolescents de moins de 20 ans les plus influents du monde » ? Un court flash-back s’impose : diffusée pour la première fois en 1998, la liste « Time 100 » désignait les cent personnalités les plus influentes dans le monde. Les célébrités des médias comme Oprah Winfrey côtoyaient alors le gratin de la scène internationale (dont Barack Obama, aux côtés d’Hillary Clinton et Angela Merkel), tandis qu’un zeste d’artistes et de sportifs complétaient le tout.

En 2013, l’hebdomadaire dépoussiérait son classement en sélectionnant 16 ados qui, selon sa rédaction, fabriquaient le monde de demain – ou qui s’étaient illustrés de façon singulière. L’année suivante, ils étaient au nombre de 25 et les critères évoluaient : Time Magazine ne pouvait plus ignorer l’impact des réseaux sociaux dans la construction de l’influence de cette génération. D’où l’entrée de Nash Grier (11,3 millions de fans et 17 ans à parution, ndlr), petit génie de la vidéo en 6 secondes autoproclamé « King Of Vine », ou Shawn Mendes, chanteur-compositeur canadien de 16 ans (à parution, ndlr) et 3,8 millions de fans sur Vine. Ce classement est-il voué à croître et à se rajeunir un peu plus chaque année… sachant qu’en 2014 la plus jeune en l’occurrence avait tout juste 13 ans ?

Des ados qui s’inventent

Impossible (en effet) d’échapper à la langue inventée au quotidien par les générations Y et Z. Malgré son caractère récent, c’est de la reconnaissance par la société de l’influence grandissante des jeunes générations dans la transformation du monde qu’il s’agit. Confirmant dans le même temps un changement de perception du monde des adultes sur sa jeunesse. Ces adolescents influenceurs – pour plusieurs d’entre eux – ont construit leur notoriété sur les réseaux sociaux. Ils se sont appropriés l’espace public en prenant la parole. Ils s’amusent avec les outils – dont l’apprentissage a été de plus en plus précoce – et pour entretenir le cercle vertueux de la reconnaissance, ils s’invitent, partagent leur « audience » pour augmenter et propager leur empreinte.

La Revue Influencia : les jeunes bientôt au Panthéon

La Revue Influencia : les jeunes bientôt au Panthéon

En quête de toujours plus d’autonomie, certains d’entre eux n’hésitent pas à franchir le pas de la monétisation de leur audience en devenant des ambassadeurs de marque toujours à la recherche de prescripteurs crédibles. Cette génération invente au quotidien ses propres codes d’expression via l’image, aujourd’hui sur YouTube ou les applis mobiles telles Snapchat, Instagram ou Vine. Ils ont leurs propres références culturelles, et leurs stars, qui ont parfois le même âge qu’eux. Ils nourrissent et entretiennent au jour le jour cette connivence nécessaire à la création d’un univers générationnel commun.

Le reflet de deux univers

Cette dynamique de prescripteur/influenceur, ils la vivent également à petite échelle dans leur cercle restreint d’amis, où ils vont se confronter aux jugements de l’autre à travers chacune de leurs publications. Pour exemple, on peut suivre Aline, 17 ans, qui constate que les photos d’elle en mode selfie sur son compte Instagram sont davantage plébiscitées par ses amis que ses photos de paysages. Ils découvrent et intègrent progressivement ce qui va susciter de l’intérêt chez leurs pairs. Toujours en attente de leur « score moyen  » d’interactions (nombre de like et de commentaires moyen par publication) comme une preuve de réassurance de l’affection que les autres portent à leur égard. À l’intérieur de cet espace où tout est quantifiable, à un âge de construction de leur identité, ils sont en permanence à l’affût de l’assentiment des autres.

Dans ce jeu d’interdépendances où tout le monde influence tout le monde, et certains plus que d’autres, nous pouvons observer deux univers d’expression au travers des publications des jeunes générations révélatrices de leurs valeurs. Les valeurs traditionnelles et morales garantes de la stabilité de la société, telles la nécessité de se battre pour une noble cause, être reconnu pour son savoir scientifique, ses performances sportives ou son esprit d’entreprise d’une part. Et celles dites de la société de consommation, comme la culture du divertissement au sens large – et plus spécifiquement la culture « LOL », la fête et tout ce qui l’accompagne : l’alcool, la drogue, la prise de risques –, le culte de l’argent et de l’apparence.

En cela, la sélection de Time Magazine est bien le reflet de ces deux univers. En apprenant le contenu de la liste, certains se sont alarmés de la présence, pour la deuxième fois consécutive, des deux jeunes sœurs de la famille Kardashian. Il est vrai que, lorsque l’on touche à la jeunesse, se pose alors la question de la bonne et la mauvaise influence, et du bon et du mauvais modèle. Jusqu’à présent, l’honneur est sauf, car les lecteurs du site Web de Time Magazine ont massivement voté pour la prix Nobel de la paix Malala Yousafzai. Elle se trouve à ce jour loin devant les 24 autres.

 

>> Article tiré de la revue N°13 consacrée à « l’Influence »

>> Découvrez la version papier ou digitale

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influencia Les jeunes bientôt au Panthéon

influencia Les jeunes bientôt au Panthéon

http://www.influencia.net/fr/actualites/com-media,media,jeunes-bientot-pantheon,5395.html

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Le Monde : L’image, nouveau langage des ados

15 juin 2015
pic-speech-lemonde

Article du Monde

Par Pascale Krémer – Article paru dans Le magazine du Monde le 9 mars 2015

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http://www.lemonde.fr/m-amour-consequences/article/2015/03/05/l-image-nouveau-langage-des-ados_4588247_4497959.html

Vous expliquez que les jeunes gens nés depuis 1995, donc avec Internet, et connectés en permanence via leur téléphone portable, ont développé une nouvelle langue. En quoi consiste-t-elle ?

Les ados manient désormais une langue particulière que j’appelle le pic speech (pour picture speech), un langage des images au sens large, qu’on pourrait aussi appeler « Parlimage ». C’est un mélange d’écrit et d’images. Ils échangent des textos bourrés de signes cabalistiques, les émoticônes, qui symbolisent visuellement leurs émotions. Mais aussi des photos avec texte et dessins associés, parfois tracés au doigt sur l’écran tactile. Ou encore des vidéos très courtes et des gifs, ces images animées. Tout cela grâce à Snapchat, Instagram ou Vine, les applications de leurs téléphones mobiles.

Le smartphone, dont ils sont massivement équipés, est devenu pour eux l’équivalent du stylo. Leur activité préférée, après l’échange de SMS, consiste à prendre des photos et à les partager. C’est une déferlante. Ils délaissent Facebook au profit des réseaux sociaux et messageries instantanées dédiés à l’échange de ces images. La messagerie instantanée Snapchat est leur temple, celui de la culture LOL : ils s’y mettent en scène, manient l’humour potache, tout est permis. Certains ados envoient des dizaines de Snapchat par jour. Ils photographient et postent tout, tout le temps, comme ils respirent. Ils sortent de chez eux, photographient leurs pieds qui marchent dans la rue. Et postent : « Je vais m’acheter un croissant et je te retrouve après. »

Sur le réseau social Instagram, ils se mettent davantage en valeur à travers des selfies retouchés à l’aide de filtres. C’est la vitrine léchée d’un monde joyeux et esthétisant. C’est également le lieu des déclarations d’amitié et d’amour. Et dans leurs textos, ils placent toujours des émoticônes, tirés de bibliothèques toujours plus étoffées. Ces petits dessins fournissent une clé de lecture du message, ils l’enveloppent, lui donnent de l’affect. Un SMS sans émoticône est perçu comme violent, comme s’il y avait une tension, que la personne était contrariée. Si jamais, en plus, il y a un point à la fin de la phrase, c’est que le problème est grave !

 

Snapchat

Snapchat

Pourquoi ce recours massif aux images dans l’expression des ados ?

Il y a bien sûr la facilité de l’outil, le smartphone, qu’ils ont toujours à la main, qui renferme tout leur univers et qui permet de prendre des photos. Cette génération baigne, depuis sa naissance, dans la culture de l’image. Elle a pu photographier très facilement dès son plus jeune âge. C’est donc devenu un mode d’expression spontané, naturel, massif, qui structure son rapport au monde.

Certains ados prennent même des photos qui ne sont pas destinées à être montrées mais nourrissent leur dialogue intérieur, comme ils écriraient un journal intime. Pour eux, l’image est ce qu’il y a de plus approprié pour exprimer un état émotionnel. Et elle intensifie le rapport aux autres. Nous, nous passions des heures au téléphone en rentrant du lycée, eux gardent le lien en envoyant des photos. Une façon de prendre la parole à la première personne, de signifier leur présence à l’autre.

C’est pour eux le mode d’expression le plus efficace parce qu’ils ont cette culture commune. La teneur émotionnelle du message sera immédiatement comprise par le destinataire. Les ados n’écrivent jamais « J’ai passé mon aprem à faire du volley avec les copains », ils envoient un selfie d’eux au milieu de ces copains et du terrain. C’est plus facile et plus ludique. C’est de l’image conversationnelle qui est là avant tout pour entretenir le lien et susciter une réaction. Dans un second temps seulement, elle joue sa fonction de garant du souvenir.

Est-ce que le « pic speech », comme le « verlan » d’antan, permet de se distinguer des aînés ?

Oui, bien-sûr, les ados ont inventé une langue qui leur est propre, qui leur permet d’échapper au contrôle des adultes et d’affirmer leur appartenance à un groupe. Sur Facebook, où ils savent que les adultes vont, ils mettent peu de photos en ligne ou alors uniquement pour leur groupe d’amis. S’ils se déplacent vers Snapchat ou Instagram, c’est bien parce que c’est là que se trouve leur territoire, leur bulle. Ils sont par exemple passés maîtres dans l’art de conserver (« screener ») les images éphémères.

Les parents ne comprennent rien à cette culture LOL, à ces messages remplis d’émoticônes. C’est un langage plus complexe qu’il n’y paraît, avec énormément de règles implicites, qui nécessite un apprentissage et évolue du collège au lycée. Il est aussi bien plus créatif qu’on le pense. Sur Snapchat, certains ados sont capables de raconter une histoire à travers une succession de photos, comme dans un diaporama. Quand ils parlent, quand ils écrivent, les profs, les parents leur disent « On ne dit pas ça, on n’écrit pas ça ». Là, ils ont une page blanche, un espace de liberté, qui plus est de dimension mondiale.

Pic Speech infographie

Pic Speech infographie

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