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Les médias en parlent

L’USINE DIGITALE – Les émoticônes seront-ils les fossoyeurs du langage ?

8 avril 2017

https://www.usine-digitale.fr/article/les-emoticones-seront-ils-les-fossoyeurs-du-langage.N403427

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https://www.usine-digitale.fr/article/les-emoticones-seront-ils-les-fossoyeurs-du-langage.N403427

A l’occasion des Napoléons, actuellement à Arles, une table ronde s’est interrogé sur le langage à l’heure des émoticones et des photos. Si la communication devient purement visuelle, l’écriture a-t-elle encore un avenir ? 😉

Énième version de la querelle entre les anciens et les modernes, voici venu le temps où les émoticones affrontent le langage classique. Aux adolescents les smileys et autres symboles sympa. Aux plus de 25 ans, les joies de la concordance des temps et de la ponctuation bien placée. Ou pour l’écrire autrement, émoticones, photos et autres symboles sont-ils en train de constituer un nouveau langage ? Ou faut-il y voir le signe d’un appauvrissement de la langue, d’une désaffection du sens ?

Pour Thu Trinh Bouvier, responsable Nouveaux médias  à la direction de la communication de Vivendi et auteure de « Parlez-vous Pic Speech ? », rien de nouveau sur les portables. Depuis qu’il existe des adolescents, ceux-ci ont cherché à créer des nouveaux langages. Ceux d’aujourd’hui utilisent Snapchat et les émoticones.

 

DE LA RELATIVITÉ DE LA SIMPLICITÉ

C’est quasiment un signe distinctif, un rite de passage pour marquer qu’on fait partie de cette génération. « Snapchat est le meilleur exemple de la relativité de la simplicité. Pour un ado, c’est facile de l’utiliser. Pour un adulte, cela l’est beaucoup moins », s’amuse l’experte. Pas de risque d’être confondu avec son père ou sa mère, voire avec son oncle qui se croît encore jeune quand il écrit LOL à la fin d’un SMS.

A tel point qu’entre adolescents l’usage des émoticones et autres émojis obéissent à des règles plutôt strictes. Un message envoyé sans émoticones sera perçu comme dur, voire agressif. Ils ne se placent pas n’importe où. Il existe une syntaxe. Il faut le mettre à la fin du texte. Comme si de cette façon, l’expéditeur précisait son état d’esprit au moment de l’écriture.

Car, comme l’a rappelé la linguiste Jeanne Bordeau, présidente de l’institut de la qualité de l’expression, le langage écrit est profondément ambigu. Un même mot peut avoir plusieurs sens, a-t-elle rappelé, citant l’exemple du verbe descendre. On peut aussi bien dire je descends de Louis XIV, que descendre un escalier ou encore descendre son voisin.

 

ÉMOTICONES ET PONCTUATION MÊME COMBAT ?

Opposer les mots aux émoticones serait pour elle erroné. Elle insiste sur le fait que les mots servent aussi à créér des images et que les Grecs en inventant la ponctuation ont introduit dans le texte (les mots) des signes qui n’en sont pas mots et qui pourtant aide à sa compréhension, voire sont, dans certains cas, primordiales à la bonne compréhension. Par une sorte de ruse de l’histoire, les jeunes accros aux émoticones perçoivent désormais l’usage de la ponctuation comme une forme d’agressivité. « Mettre un point ou des points de suspension dans un message peut être très mal perçu chez un adolescent », explique Thu Trinh Bouvier.

Les utilisateurs de plateformes de partage de photos l’ont bien compris. Pour eux, partager une émotion c’est d’abord partager une image pour exprimer un sentiment, une intention, a rappelé en substance Julie Pellet, responsable du développement d’Instagram, qui compte aujourd’hui 500 millions d’utilisateurs. Et de citer quelques chiffres qui en disent long sur la façon dont les images numériques sont devenues des modes de consommation : en moyenne le possesseur d’un smartphone prend 150 photos par mois. Le chiffre monte à 250 pour une jeune femme de moins de 25 ans.

 

DITES-LE AVEC UNE PHOTO

Selon elle, un signe ne trompe pas pour savoir si on a affaire ou non à un professionnel de ces nouveaux langages : le sens dans lequel il prend son smartphone pour faire une vidéo. Les générations Y et Z l’utilisent verticalement pour avoir une vidéo plein écran, quand les plus âgés le tourne à 180 degré pour filmer ou photographier de façon horizontale.

En partageant des photos, les utilisateurs de plateformes comme Instagram créent des communautés. « Sur Instagram on suit des gens qu’on ne connaît pas forcément, explique Julie Pellet, mais avec lesquels on partage un centre d’intérêt. Sur les plateformes de photo comme la notre, les gens cherchent des sources d’inspiration. »

Ces nouveaux modes de langage ne seront sûrement pas éternels. D’abord parce que les adultes arrivent sur Snapchat. La campagne présidentielle américaine, mais aussi les grands médias des Etats-Unis investissent ce lieu où communiquent une clientèle qui les intéresse grandement. Pour Thu Trinh Bouvier, cela pourrait avoir des conséquences, car ces médias vont vouloir apporter leur mode de narration, leur langage. Gare à ne pas tuer la poule aux œufs d’or virtuels, car si les standards changent trop, la jeune génération pourrait déserter ces réseaux.

 

LES MARQUES CONTRE LES ADO ?

Julie Pellet travaile de son côté avec les marques pour qu’elles utilisent bien Instagram. Le réseau s’enorgueillit de compter 200 000 marques parmi ses abonnés. Elle apprend aux nouveaux venus comment ça marche, les usages et notamment le sens dans lequel on tourne les vidéos pour le réseau. Car il n’est pas question de calquer sur un tel réseau les outils développés pour d’autres. Cela risquerait d’être contre-productif.

Alors, dans ce monde d’images et de symboles, faut-il s’inquiéter d’un éventuel recul du langage ? Jeanne Bordeau ne le croît pas vraiment, même si elle note que ces nouveaux outils sont plus émotionnels. Pour expliquer un raisonnement, une idée un concept, rien ne vaut les bons vieux mots. L’image et le symbole, et cela peut être leur limite, sont souvent des outils de séduction, qui passent sous le radar de la Raison.

D’où la méfiance ancestrale pour l’image. La preuve ? Cet article aurait difficilement pû être dessiné et cela n’a pas à voir avec la très grande médiocrité de l’illustration que son auteur aurait pû faire.

Les médias en parlent

Serengo – Savez-vous parler émoticônes ?

8 avril 2017

Retrouvez l’article sur Serengo :

https://www.serengo.net/notre-epoque/savez-vous-parler-emoticones/

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https://www.serengo.net/notre-epoque/savez-vous-parler-emoticones/

Savez-vous parler émoticônes ?

Par Florence Le Mehauté

Gare au péril jaune ! Les émoticônes prolifèrent sur les écrans d’ordinateurs et de smartphones. Ils ne sont pas aussi futiles qu’ils en ont l’air.

C’est une véritable invasion. Leurs sourires, grimaces ou éclairs ponctuent les textos, mails et tweets. A la télévision, ils remplacent les visages des clients d’une célèbre chaîne de fast-food dans sa nouvelle campagne publicitaire. Certains enseignants les utilisent même pour évaluer les devoirs de leurs élèves, à la place des traditionnelles notes. Qui sont-ils ? Les émoticônes ! Une grande famille qui se divise en deux branches : les smileys, ces visages jaunes exprimant diverses émotions ; et les emojis, ces pictogrammes qui représentent toute une myriade d’activités, d’animaux, d’objets… Les ados en raffolent. Impossible pour eux de pianoter « je t’aime » sur leur téléphone portable sans l’assortir d’une ribambelle de cœurs, ou de faire un trait d’humour sans ajouter un sourire avec un clin d’œil. Et on va bientôt tous s’y mettre, car les émoticônes pourraient bien s’installer de manière durable dans nos écrits.

Émoticônes, du rire et de l’ironie
A quoi servent-ils ? Déjà, à lever une éventuelle ambiguïté. Scott Falhmann, un chercheur en informatique américain considéré comme le père des smileys, a gratifié dès le début des années 80 de 🙂 les des messages qu’il envoyait à ses collègues. Objectif : leur signifier de manière rapide qu’il s’agissait de blagues. Nos ados les ont adoptés, dès l’essor de la messagerie instantanée MSN dans les années 90, pour les mêmes raisons. En plus d’être « fun », ces symboles apportent de l’émotion dans des sms et mails parfois un peu froids. « Ce sont les smileys les plus basiques (sourire, tristesse, joie…) qui se rapprochent le mieux de l’intonation et des mimiques de l’oral, explique Michel Marcoccia, chercheur en sciences du langage et enseignant à l’Université de Technologie de Troyes. Ils pallient une insuffisance de l’information écrite. » Ils précisent ainsi l’intention, introduisent de l’ironie ou adoucissent une critique. « Il fait beau aujourd’hui » n’aura pas la même signification s’il s’accompagne d’un grand sourire (« chouette, on va au parc ? »), d’une moue triste (« mes rosiers manquent d’eau ») ou d’un froncement de sourcils colérique (« M…, je suis clouée au lit »). 

Les émoticônes,  mieux qu’un long discours
La plupart du temps, les émoticônes servent donc de ponctuation et traduisent l’humeur de l’auteur du message. Mais – et c’est surtout vrai pour les emojis – ils peuvent aussi remplacer des mots. En Suède, une association suggère aux enfants battus d’utiliser des symboles pour dénoncer les mauvais traitements qu’ils subissent. Aux États-Unis, il suffit de poster le dessin d’un plat sur le compte Twitter de Fooji, une nouvelle chaîne de restauration, pour se le faire livrer. Alors, sushis ou pizza ce soir ? Difficile de faire plus efficace, même si l’objectif (réussi) était évidemment de faire du buzz. Pour s’amuser, on peut aussi enchaîner les dessins pour raconter une histoire ou formuler une pensée plus sophistiquée. Mais il faut un peu d’entraînement avant d’arriver au niveau de la ministre des Affaires étrangères australienne Julie Bishop, qui a répondu en février uniquement en émoticônes à une interview du site d’information Buzzfeed.

On ne peut pas sourire à n’importe qui
Comme à l’époque de Scott Fahlmann, les smileys s’invitent aujourd’hui jusque dans les mails professionnels. Toutefois, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant d’envoyer une demande de congés à son chef accompagnée d’un grand sourire et d’un bikini. « Les émoticônes jouent sur la connivence, assure Thu Trinh Bouvier, auteur de Parlez-vous Pic Speech ? (Le langage des pictogrammes) et responsable des nouveaux médias chez Vivendi. Mais ils peuvent agacer voire paraître très cavaliers. » Bref, on trie ses destinataires sur le volet. Et on s’assure qu’ils parlent bien la même « langue » que nous. En Russie, un soleil ne signifie pas seulement « il fait beau » mais plus spécifiquement « on va à la plage ». Chez nous, quand un adolescent utilise le symbole « plat de nouilles fumantes », cela veut dire qu’il a faim, pas qu’il a envie de pâtes. Pire. D’un logiciel à l’autre, les traductions peuvent prêter à confusion. Tel smiley qui suggère plutôt la grimace et la douleur sur les iPhone ressemble plus à un signe de colère sur les écrans des téléphones Samsung. Autant le savoir, même si on ne peut pas y faire grand-chose…

Émoticônes, on se lance !
Il n’y a pas d’âge pour s’initier. Pour être dans le coup, comprendre les textos de ses petits-enfants. Ou s’amuser, comme Anita, 60 ans, responsable d’une agence de communication dans la mode et la beauté. « Quand j’ai acheté un iPhone, il y a quatre ans, je m’y suis mise pour communiquer avec mes enfants, ma petite-fille, mes copines, confie-t-elle. C’est rigolo, ça égaye les SMS, on peut même faire des frises. » C’est d’autant plus facile que la plupart des smartphones et systèmes de messageries intègrent des catalogues de symboles. Il suffit de cliquer dessus pour les insérer. Et leur usage risque fort de se généraliser. Selon Michel Marcoccia, « les smileys basiques finiront sans doute par rentrer dans les manuels de grammaire, tant ils sont complémentaires de l’écrit. » En revanche, les emojis, plus complexes, ne feront peut-être pas si long feu. « Dès qu’un mode d’expression est repris par les adultes, les jeunes générations trouvent généralement de nouveaux codes pour communiquer entre eux », pronostique Thu Trin Bouvier. Pas besoin d’apprendre par cœur Emojipedia – le grand dictionnaire en ligne des emojis (disponible uniquement en anglais) – donc. Sauf si ça vous fait vraiment plaisir

Les médias en parlent

RTL – « On est fait pour s’entendre » : Les émoticônes sont-ils LE nouveau langage ?

6 septembre 2015
Émission " On est fait pour s'entendre " RTL

Émission  » On est fait pour s’entendre  » RTL

http://www.rtl.fr/culture/tendances/les-emoticones-sont-ils-le-nouveau-langage-7779598016

L’émission de radio quotidienne de Flavie Flament, « On est fait pour s’entendre », décrypte le phénomène des émoticônes

Les émoticônes sont-ils LE nouveau langage ?

Heureux, triste, souriant, en colère, hésitants, malicieux… Une large palette de petits bonshommes jaunes a investi nos ordinateurs, téléphones portables et tablettes tactiles. Si on leur reconnaît une fonction décorative, ces symboles permettent surtout d’illustrer nos émotions dans nos échanges numériques. En parsemer chacun de nos messages, posts Facebook et/ou Tweets peut même aller jusqu’à devenir un véritable réflexe !
Les émoticônes sont-ils donc devenus un véritable langage ? Un dessin est-il plus fort qu’un mot ? Qu’est-ce que cela change dans notre manière de communiquer ? L’effet de mode va-t-il perdurer ? Toutes les réponses à ces questions vous seront données  dans On est fait pour s’entendre et ses invités !

Invités de l’émission :

Nicolas Loufrani, Directeur Général de SmileyWorld ; Thu Trinh-Bouvier, experte de la communication digitale et responsable Nouveaux Médias chez Vivendi ; Stéphane Ribeiro, journaliste et Jean Pruvost, linguiste

>>> Ecouter le replay de l’émission sur le site de RTL

 

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