Article publié sur le blog d’Henri Kaufman
Directeur de Collection – Éditions Kawa
Publié le 22 décembre 2014
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http://henrikaufman.typepad.com/et_si_lon_parlait_marketi/2014/12/parlez-vous-le-pic-speech-.html
« Parlez-vous le Pic Speech ? Oui, le pic speech ? Si vous avez des enfants de la génération Y ou Z (ils sont nés entre les années 80 pour les Y et à partir de 1995 pour les Z), vous avez sûrement vus qu’ils étaient accrochés en permanence à leur téléphone mobile (90% des 18-24 ans en possèdent un), en train d’échanger des textos, des photos, des vidéos bourrées de signes cabalistiques. Pour communiquer entre eux, ils ont tout compris des potentialités offertes par le Web en général et par de nombreuses start up en particulier. Ils communiquent à l’insu de leurs parents qui n’y comprennent que couic lorsqu’ils tombent par hasard sur un message « pic speech » . Le dessinateur Wingz a bien résumé la perplexité des parents quand ils découvrent par hasard cette nouvelle langue étrangère. En première page du quotidien MétroNews, il nous dessine un couple qui doit appartenir à la génération X, voire W ; ils discutent devant l’écran de l’ordinateur de leur fils, resté allumé sur sa page Facebook :
• Madame : sur son profil, Kevin n’arrête pas d’écrire des trucs comme XD ou <3
• Monsieur : il révise sûrement ses maths !
Le livre de Thu Trinh-Bouvier est le premier qui présente et décrypte cette nouvelle langue ludique déclinée dans de nombreuses versions : une « langue globale pour une culture mainstream ». A l’instar de la fameuse pierre de Rosette découverte par Champollion qui nous a permis de comprendre la signification des hiéroglyphes égyptiens plusieurs milliers d’années après qu’ils aient été écrits, Thu nous montre, statistiques et commentaires à l’appui, comment nos ados et post-ados passent leur temps sur les réseaux sociaux à s’envoyer des sms truffés d’émoticons, des selfies, des posts, des snapchats, des vines, des whatsapp, etc. Entre deux envois, ils exercent leur dextérité sur les jeux en ligne, et ils n’oublient pas évidemment de publier leurs photos retouchées sur Instagram ou Pinterest. Ils twittent aussi, et ils commencent à s’envoyer des vidéos hilarantes avec le nouveau Dubsmash qui fait fureur depuis son apparition… Et parfois même, ils travaillent !
Au siècle dernier, les businessmen ont inventé le «globish», une nouvelle langue des affaires truffée d’anglicismes, permettant à quiconque de parler et d’être compris dans une réunion internationale. A leur tour, les générations Y et Z ont inventé une langue à eux – le pic speech – que je pourrais traduire en français par le beaucoup moins chic mais inspiré néanmoins par le langage des oiseaux : le «parlimage».
Le Pic Speech utilise à la fois toutes les ressources galopantes de l’Internet et de l’outil magique désormais indispensable de jour comme de nuit : le smartphone.
Il prend sa source dans des start up – telles Instagram ou Vine – qui à peine écloses se sont offertes à prix d’or, achetées par les géants de l’Internet comme Facebook et Twitter dont l’embonpoint commence à diminuer leurs capacités d’innovation. L’étonnant dans le développement de cette nouvelle langue, c’est que les parents des Y et des Z s’y sont mis aussi… Certes avec moins d’enthousiasme et d’assiduité mais ils y mettent de la bonne volonté… Même Barack Obama s’est mis au selfie avec ses visiteurs étrangers ! La photo, la vidéo, les raccourcis, les nouveaux mots font désormais partie du pic speech. Et aussi les émoticons qui amènent la touche de sensibilité qui manque aux messages forcément bref des tweets ou des sms. Remarquons en passant qu’en ôtant le « c » de émoticons, on trouve quoi ? On trouve … émotion !
Le pic speech entre en même temps dans la publicité grand public avec par exemple Acadomia qui parle du selfie et du mythe de Narcisse dans sa récente campagne de recrutement…
Outre les statistiques sur le développement de cette nouvelle langue qui va intéresser sûrement les marketers à la recherche de clés pour atteindre et parler avec les X et les Y, Thu décrypte le côté sociologique de l’apprentissage du pic speech, beaucoup moins simple qu’il y paraît au premier abord. Elle aborde aussi le délicat problème de la vie privée pour des photos qui circulent sur les réseaux, shootées dans des situations qui risquent d’effrayer un futur employeur.
Merci Thu ! »
Henri Kaufman
Directeur de Collection – Éditions Kawa