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Les médias en parlent

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Radio Canada : Le Pic speech, nouveau langage des adolescents

17 mai 2015
Blog Radio Canada

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Ce récent article publié par Fred Cavazza passe en revue les différentes plateformes sociales fréquentées par un jeune de 19 ans. Dans son témoignage, voici quelques impressions que je retiens :

:) Facebook est, selon lui, une plateforme sociale « morte pour les ados ».

:) Instagram est de loin la plateforme sociale la plus populaire.

:) Twitter est considéré comme une énigme, la plupart des jeunes n’y voient qu’un intérêt limité.

:) Snapchat est en train de devenir la plateforme la plus populaire.

:) Yik Yak est l’application mobile qui monte.

:) Medium est présentée comme la plateforme de publication de référence.

:) GroupMe est l’application de messagerie de groupe la plus populaire, d’autant plus depuis que les GIF animés sont pris en charge.

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une étude, mais de l’opinion d’un seul adolescent, on y trouve des aspects cohérents avec d’autres analyses. Pour des explications plus détaillées, je vous invite à lire l’article, mais retenons simplement qu’adultes et adolescents ne partagent pas, ou ne partagent plus, les mêmes plateformes essentiellement parce qu’ils ne communiquent pas de la même manière.

Comme le mentionne Thu Trinh-Bouvier dans une entrevue accordée au journal Le Monde, les jeunes s’expriment dorénavant visuellement avec des émoticônes qui symbolisent leurs émotions, des photos, des vidéos très courtes, ou encore des GIF. Nous vivons dans une ère d’instantanéité largement facilitée par l’adoption massive du téléphone cellulaire. «Le smartphone, dont ils sont massivement équipés, est devenu pour eux l’équivalent du stylo.»

L’image conversationnelle

Selon Thu Trinh-Bouvier, le réseau social Instagram permet aux jeunes de se mettre en valeur à travers ces fameux égoportraits retouchés à l’aide de filtres. Elle mentionne que c’est le lieu des déclarations d’amitié et d’amour. Ensuite, il ne faut pas négliger l’importance des émoticônes toujours plus variées les unes que les autres. « Ces petits dessins fournissent une clé de lecture du message, ils l’enveloppent, lui donnent de l’affect. Un SMS sans émoticône est perçu comme violent, comme s’il y avait une tension, que la personne était contrariée. Si jamais, en plus, il y a un point à la fin de la phrase, c’est que le problème est grave! »

Quand j’étais jeune, je passais des heures au téléphone avec les camarades de classe avec lesquels je venais de passer la journée. Rien n’a véritablement changé, sinon que le rapport aux autres ne s’inscrit plus dans le son, mais dans l’image. Thu Trinh-Bouvier explique que l’image sert, d’une part, à entretenir le lien et, d’autre part, à susciter une réaction. Cela dit, contrairement à mes interminables conversations d’adolescente, les échanges des jeunes d’aujourd’hui laissent aussi des traces qui prennent la forme de souvenirs, mais aussi d’outil d’intimidation dans le pire des cas.

La domination de Snapchat

Thu Trinh-Bouvier qualifie Snapchat de temple pour les jeunes, « celui de la culture LOL ». Encore ce matin, Fred Cavazza confirmait la domination de Snapchat dans les échanges entre jeunes : « Pour simplifier : les ados l’adorent, car les adultes n’y comprennent rien. »

snapchat

Snapchat

L’étude Global Web Index signale aussi que Snapchat est l’application dont l’auditoire a grandi le plus vite en 2014, avec une croissance de 57 % en une seule année. C’est 15 % des adolescents de la planète qui l’utilisent, avec des pointes en Angleterre et en Suède, où près de 40 % des jeunes en sont des adeptes. Au Canada, on compte 26 % des adolescents qui utilisent Snapchat. C’est notamment ce qui lui permet d’offrir des tarifs publicitaires prohibitifs, comme le souligne cet article qui parle d’un montant de 750 000 $ par jour.

Se distinguer des adultes

Les plateformes comme Snapchat permettent aux jeunes de créer un espace de liberté, qui remplit une importance fonction sociale, de surcroît.

Ce pic speech, ou « parlimage » permet aux jeunes de se créer une culture qui échappe au contrôle des adultes et qui renforce leur sentiment d’appartenance à un groupe. Plusieurs études avaient déjà fait le constat avec les messages texte, ce langage que certains considèrent comme opaque. Les adolescents d’aujourd’hui ont trouvé une nouvelle façon de consolider leurs rapports entre eux, à l’abri du regard des adultes. C’est en partie ce qui expliquerait, toujours selon Thu Trinh-Bouvier, que les jeunes mettent peu de photos sur Facebook, ou alors qu’ils les concentrent dans des groupes.

Ça vaut la peine d’aller jeter un oeil sur Snapchat, ne serait-ce que pour comprendre l’engouement des jeunes pour ce langage de l’image.

 

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http://blogues.radio-canada.ca/triplex/2015/03/11/catherine-mathys-44/

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Psychologies Magazine : les écrans de la béauté

6 mai 2015
Psychologie Magazine

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Dossier Psychologie Magazine

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http://www.psychologies.com/Beaute/Image-de-soi/Soin-de-soi/Articles-et-Dossiers/Reseaux-sociaux-ce-que-revelent-nos-photos-de-profil

Par Valérie Bauhain – article paru dans Psychologie Magazine de mai 2015

Se sentir belle, c’est aussi se voir belle. Et se montrer. À l’heure du tout images, comment jouer avec la sienne ? Analyse des nouveaux usages de la beauté numérique et conseils d’experts pour se mettre en scène sur les réseaux sociaux.

 

« A l’avenir, chacun aura son quart d’heure de célébrité. » Andy Warhol avait raison, à un détail près : ce sera sur le web. Au moment où le premier musée du selfie s’ouvre à Manille, aux Philippines, Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, rappelle que « le désir de se montrer est fondamental à l’être humain, et il est antérieur à celui d’avoir une intimité ». L’an dernier, 1,8 milliard de photographies ont été partagées chaque jour dans le monde, soit cinq fois plus qu’en 2012 (Source : « Internet Trends 2014 », rapport annuel de Mary Meeker, KPCB, mai 2014), et on compte plus de 35 millions de selfies mensuels. Autant d’images qui nous permettent de construire notre identité numérique. Enjeu crucial : trouver notre « bon profil » ne suffit plus, l’essentiel est de trouver la bonne photo de profil. Être photogénique, ou plutôt apparaître comme tel sur Facebook ou Instagram, est devenu la norme.

Un vernis sur notre quotidien

La meilleure photo est-elle celle qui nous ressemble ? « Pas forcément, répond la psychanalyste Fabienne Kraemer. Le moi que l’on expose, même s’il est retouché, est l’image que l’on veut donner de soi. Le selfie, c’est une façon de maîtriser son image, mais aussi d’être en accord avec elle. » Avant d’être postée, chaque photo est soigneusement choisie, souvent retouchée et recouverte d’un filtre qui la patinera. Ces beautés virtuelles et multiples sont comme une seconde peau. Un vernis posé sur notre quotidien pour n’en faire ressortir que le meilleur, selon les codes propres à chaque plateforme. L’usage sur Facebook, par exemple, est de créer une succession des moments les plus enviables de notre vie – privée, le plus souvent. Sur Instagram, réseau de partage d’images, on se montre essentiellement derrière un filtre esthétisant. Résultat de cette automédiatisation à outrance, selon Fabienne Kraemer : « On essaye de se voir plus beau que l’on est pour mieux s’aimer. »

Mais, à force de jouer avec son apparence, la réalité sans filtre peut devenir difficile à accepter. Sophie, juriste de 38 ans, a confié à un photographe le soin de réaliser sa photo de profil pour le réseau professionnel LinkedIn, afin d’aider sa recherche d’emploi à aboutir. « Je suis une grande adepte des selfies, donc je maîtrise assez bien mon image. Mais là, je voulais en proposer une professionnelle pour mettre toutes les chances de mon côté », précise la jeune femme. Le résultat de la séance n’a pas vraiment été celui escompté. « Quand le photographe m’a envoyé sa sélection, je me suis effondrée, confie-t-elle. J’ai pleuré à chaudes larmes pendant près d’une heure : j’avais l’impression que ce n’était pas moi, je ne me reconnaissais pas. Avec le recul, je me suis rendu compte que cette photo me renvoyait inconsciemment à ma position de chômeuse. »

Réécrire le film de sa vie

Mise en ligne, notre image pourra ensuite être validée par le cercle de nos amis au travers de « j’aime » et de commentaires. À chaque photo son filtre et une nouvelle facette de notre personnalité digitale. « La beauté numérique pourrait se définir par le fait de tricher tout le temps, poursuit Fabienne Kraemer, dans un faux monde où l’on s’invente une vie pour fuir la banalité du quotidien. On choisit de mettre en scène les moments de sa vie privée dont on veut que les autres se souviennent. Il n’y a pas tant de différence avec les anciens albums photo, seule l’exhibition pousse un peu plus l’exigence. »

Toutes les tonalités données à notre image sont-elles pour autant un déguisement ? Au fond, n’est-ce pas comme dans la vie, où l’on joue avec nos vêtements pour, certains jours, être plus sophistiqué ou (avoir l’air) plus sportif ? « Ça marche en effet un peu comme un vestiaire, confirme Yann Leroux, psychologue, psychanalyste et geek assumé. Des éléments de soi sont testés sur les réseaux et, s’ils sont validés par la communauté, ils seront intégrés à sa propre représentation. Certaines personnes y seront par exemple plus vantardes ou plus généreuses que dans la vraie vie. Finalement, c’est un moyen intéressant de continuer à se découvrir. » Le changement est majeur, car « l’identité n’est plus une propriété privée de l’individu […], écrit Serge Tisseron dans un article sur l’image de soi et les réseaux sociaux. Elle est une fiction tributaire des interactions entre un groupe de personnes, et donc chaque fois différente ». Même si elle n’est pas le reflet fidèle de la réalité, cette vie en ligne a une véritable influence sur notre vie IRL (in real life, « dans la vie réelle »), comme disent les Anglo-Saxons. « Nous agissons conformément aux images de nousmêmes que nous portons en ligne, complète Yann Leroux. Ce n’est pas une comédie, et les conséquences sont immédiates sur notre comportement, notre personnalité. »


Des clichés qui parlent

Ce flux continu de publications visuelles assorties de smileys, de commentaires parfois directement insérés dans l’image, comme le propose l’appli de partage de photos et de vidéos Snapchat, devient une langue à part entière. « Pour démarrer la semaine, j’aime bien poster un selfie joliment mis en scène, révèle Laurène, 34 ans. Ça m’amuse, et puis je trouve que c’est plus parlant pour raconter mon état d’esprit. C’est une façon de me motiver et de faire circuler ma bonne humeur. » Les images seraient-elles en train de remplacer les mots ? Pour Fabienne Kraemer, « la parole est aujourd’hui dépassée par l’image. Nous avons à notre disposition différentes façons de communiquer : je crois qu’on peut même faire des lapsus photo ».

Ce flux de représentations de nous sert bien sûr à être visibles, mais aussi à communiquer nos émotions, nos états d’âme, à donner des nouvelles… « Je vais bientôt partir en vacances, raconte Corine, 45 ans, et je sais déjà que je posterai des photos de moi pour échanger avec mes proches. Je ne m’en vais qu’une semaine, donc je n’appellerai sûrement pas mon fils, mais on échangera quelques “like” et des commentaires : ce sera comme si on avait discuté. » Le principe d’images conversationnelles – c’est le phénomène du pic speech (qu’on pourrait traduire par « parlimage ») – est une pratique courante chez les adolescents, mais pas seulement. « Pour moi, ce nouveau langage n’implique pas seulement la photo, précise Thu Trinh-Bouvier, auteure de Parlez-vous pic speech ? (Éditions Kawa, 2015). Il est aussi constitué d’émoticônes, de dessins sur Snapchat, de vidéos et, bien sûr, de texte. C’est un message où l’image est au premier plan, mais mêlée à d’autres médias. » Poster un selfie, c’est dire « je ». Nos images sont en fait une vraie prise de parole, un vecteur de partage, et pas seulement l’expression d’un désir égoïste d’exposer sa beauté numérique.

 

Illustration : photo de la fin de l’article de Psychologie magazine

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Le Journal du Net – chronique d’Alexandre Malsh – Génération P. Oui, elle Peut !

5 mai 2015
Chronique Alexandre Malsh

Chronique d’Alexandre Malsh, co-fondateur et Directeur Général de meltygroup sur le site du Journal du Net

 

On peut bien sûr dire que ces jeunes-là n’ont connu que la crise économique, les galères, les pesanteurs d’un système bloqué et d’un spectacle politique peut enthousiasmant. On peut aussi les qualifier « d’internet natives » puisqu’ils ont grandi dans un univers numérique leur donnant accès à tous les savoirs, à tous les jeux, à tous les réseaux, en tous lieux !

Mais on peut surtout parler d’eux par ce qu’ils réalisent, souvent en dehors des feux de l’actualité, dans leurs communautés, sur le terrain. En ce sens nous avons affaire à une génération très différente de toutes les autres. melty la connaît bien, et pour introduire l’éclairant ouvrage de Thu Trinh-Bouvier, je propose de la baptiser, une fois n’est pas coutume, génération P. Oui, Génération P. De toute façon nous sommes arrivés au bout des X, Y ou Z… alors, autant se libérer de ces abréviations réductrices et inventer une vision nouvelle de cette Population. Ce Pragmatisme leur va bien, à eux qui n’attendent rien de la puissance publique (trop occupée à renflouer ses caisses et édicter des règlements) et ont décidé de se débrouiller par eux-mêmes. Entre eux.

Génération P, donc. P comme Partage et P comme Pote (et comme bon Plan)

Nous voyons vivre, depuis nos médias melty, des jeunes qui évoluent au cœur de la co-révolution, ce mouvement à la fois spectaculaire et discret qui va de l’entre-pote festif jusqu’aux financements par crowdfunding. Ces jeunes habitent en co-location, ils utilisent le co-voiturage, ils se considèrent déjà comme acteurs de l’économie collaborative. Ils vivent dans l’ère du savoir-faire collaboratif (jusque dans le management des start-up) et de la confiance dans l’intelligence collective. Ils ont pris l’habitude dès leurs plus tendres années de dialoguer pour s’en sortir mais surtout de partager. Le Peer-to-peer est leur fond d’écran. Le partage touche tous les compartiments de leur vie, depuis le partage d’un Paris-Lyon en auto jusqu’au partage du savoir le plus pointu ou des coups de cœur musicaux.

Génération P, aussi,  comme Projet, comme Pionniers, comme Pépinière, comme Pourquoi Pas ?

Il se crée en France quelque 400 entreprises chaque jour (une cinquantaine au Royaume-Uni). Près de 70% des 538.000 créations d’entreprises de 2013 sont le fait d’auto-entrepreneurs (51%) et d’entrepreneurs individuels (19,5%). Surtout, selon l’Agence pour la Création d’Entreprise, plus de 20% d’entre elles sont fondées par des moins de trente ans. Les jeunes Pousses françaises, innovantes et hardies, se retrouvent aussi bien dans les marchés strictement numériques (Deezer, Daylimotion ou Criteo) que dans le monde de l’économie collaborative (Blablacar, par exemple). Et au-delà des entrepreneurs emblématiques, cette génération s’exporte bien, car elle se vit comme Planétaire : observez les parcours de ces jeunes ingénieurs français que se disputent la Silicon Valley et surtout New York pour leur excellence en matière de logiciels, d’électronique, d’aéronautique, de spatial, de clean-techs et qui participent au soft power de notre pays. Regardez l’excellence française dans le secteur des objets connectés, excellence reconnue par les plus pointus des observateurs, avec par exemple quatre produits français sur les huit « plus cool » recensés par le magazine de référence Wired, à l’occasion du prestigieux Consumer Electronics Show de 2014.

Cette Génération P est la génération du Paradoxe

Alors que la deuxième décennie du siècle en France est marquée par le pessimisme et le french-bashing dont abusent les médias installés, de son côté sans faire beaucoup de bruit la Génération P, cette jeunesse du « Pourquoi Pas » (Y not ?), développe sa propre culture inscrite déjà dans l’après-crise. Elle ose rêver de grandes choses en partant de son quotidien le plus trivial. La Génération P est celle de tous les Possibles !

Alexandre Malsh, Co-fondateur et Directeur Général de meltygroup

 

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http://www.journaldunet.com/management/expert/60729/generation-p–oui–elle-peut.shtml

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